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Etape 3: Le volcan Kawah Ijen

  • elo-diem
  • 6 oct. 2015
  • 3 min de lecture

Étape 3 : Le volcan Kawah Ijen

Mercredi 5 août 2015 Il est deux heures du matin, avec nos frontales on redécouvre la notion de "souffle coupé". Je ne sais pas quoi choisir entre l'effort physique de l’ascension ou tout simplement ce volcan au loin qui gronde et qui crache du feu à quelques kilomètres de moi, alors je prends les deux et je fais une pause, sinon je tombe.

Pendant que je me plains de mes baskets, des marcheurs de souffres, minuscules et tout fins passent devant moi à toute allure chargés de dizaine de kilos de matière jaunâtre dans des paniers tressés. Le courage à ce moment-là ne t'envahit pas par fierté, mais par honte. « Debout flemmarde ! »

Plus nous montons, plus l'odeur du souffre est forte, il fait toujours complètement nuit. Nous arrivons vers 3h30 au sommet du volcan, c'est interdit mais tout le monde descend dans le cratère. J'ai l'impression d'être sur la Lune, le sol est blanc, il y a de la fumée partout et nous sommes à 2300 mètres d'altitude dans un silence de cathédrale.

Les marcheurs nous tendent des masques à gaz, l'odeur est très pesante, ça brûle les yeux. Il y a une ambiance apocalyptique, mon cerveau ne comprends pas ce que je fais ici. Et s’il se réveille ? « On aura le temps de s’enfuir ? » me murmure-t-il. La lune est notre lampadaire, nous sommes des dizaines à créer un chemin de frontale dans le ventre du Kawah Ijen à la recherche de la flamme bleue celle qui se montre la nuit, tout en bas.

Arrivés au lac noir j'ai du mal à respirer, le seul bruit qui m'accompagne est celui de mon souffle. Je regarde ces marcheurs qui n'ont rien pour se protéger et ça me brise le cœur. Quand je lève la tête pour regarder la distance qui me sépare du sommet j'ai peur, je veux y aller, ça pique trop fort ma gorge. Pour la première fois de ma vie la peur m’a permis de devenir plus forte physiquement, je ne le savais encore mais cela allait se reproduire plusieurs fois dans le futur. C’est elle qui guida mes pas et régula mon souffle jusqu’au sommet. C'est le dernier pas pour remonter, j'arrache mon masque, et prends une énorme respiration. Tout va bien. On a réussi. Je ne parle plus, rien qu'en tournant la tête je puise dans mes réserves d'énergie. Nous attendons patiemment dans le froid que le soleil pointe le bout de son nez. Ça valait le coup... Ce n'est plus un lac noir que je vois mais un lac turquoise… De l'autre côté c'est la jungle qui se réveille, le soleil se lève et la musique aussi, la symphonie indonésienne, les oiseaux. Aucun mot jamais n'égalera les sentiments.

La redescende était éprouvante. Je ne me souviens pas de grand-chose à part ma tête sur ses genoux, un taxi puis un bateau et l'arrivée à Bali où la pénible tâche de trouver un logement avec nos habits au souffre s'impose. 13h sans manger, 28 heures sans dormir. C'est le coup de grâce. Je m'endors le sourire au lèvre, des images plein la tête. Suite aux aventures sur Java, notre première journée à Bali se concentre vers le repos. Nous logeons près d'une plage de sable noir, c'est particulier parce qu'il est très doux mais on a le reflex stupide de se dire qu'il est sale. Cela ne va pourtant pas m'empêcher de m'y endormir d'un coup jusqu'à ce que la nuit soit, elle aussi, toute noire.

 
 
 

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