Etape 48: Le stop en Argentine
- elo-diem
- 10 févr. 2016
- 3 min de lecture

Samedi 30 janvier 2016
Nous nous réveillons à 7h, il a plu toute la nuit, alors on va vite voir si c'est encore le cas, parce que ça c'est un truc que j'avais pas du tout prévu, par chance, il fait sec. Lola n'a pas l'air très enthousiaste mais la nuit a été difficile alors c'est compréhensif. On met nos chaussures, attache nos sacs et on marche jusqu'à la sortie de Salta. C'est parti.
Comment résumer une journée pareille?
6 c'est le nombre de personne qui se sont arrêtées pour nous aider, pour nous faire avancer. Martin, Victor et Christina, Leonardo puis son frère Marcelo, un autre Martin, puis Osbaldo et enfin André.
DOW 746
PGZ 010
KON 728
ULH 122
Ce sont les plaques d’immatriculation que j'ai noté.
340, le nombre de km parcouru, 500 le nombre de km qu'il reste jusqu'à Corrientes et 1500 km le nombre qu'il nous faut en tout pour atteindre les chutes d'Iguazu.
Des millions, le nombre de papillons blancs qui migrent en Argentine à cette époque de l'année et percutent inlassablement le parc choc des voitures.
4, le nombre d'animaux différents rencontrés sur la route, un taureau, des chevaux, des chèvres et un igwan.

La première personne est importante, c'est celle qui te donne l’impulsion, elle te montre que c'est possible, elle fait sourire Lola. Le couple imagine sûrement à notre place leurs filles. Les frères qui travaillent dans la ferme ont la générosité dans le sang. Le garagiste fait de la place là où il n'y en a pas pour nous déposer à la sortie de la ville, pour qu'on y arrive mieux. Le vieux monsieur a un peu de temps mais pas pas assez pour aller loin. Puis il y a André, André qui est tout seul dans son gros camion, André qui se gave de Coca, nous montre les photos de tout ses enfants, de sa mère, de ses frères, André qui me laisse dormir dans son lit, qui donne des feuilles vertes à la police parce qu'il n’a pas de ceinture, André qui fume des clopes comme il inspire, André qui nous offre 150 km dans sa vie, puis sa vie.

Il est 16h, nous essayons jusqu'à 17h puis la nièce d'André, Cécilia, nous emmène dans un hôtel, celle qui gère le bâtiment porte un châle, elle fume derrière le bar et m'appelle “mi amor” dans la fumée, j'ai l'impression d'être dans un vieux cabaret parisien. Il se met à pleuvoir.
Je ne savais pas trop si ça allait marché et où on allait atterrir, j'ai un peu prit la main de Lola les yeux fermés mais voilà, nous sommes dans un jardin inconnu, dans une famille inconnue, le ciel menaçant est encore rouge, de la viande grille pour nous et on nous raconte toutes sortes d'histoires merveilleuses, il y a une grand mère qui crit dans le salon quand son équipe de foot marque, elle veut qu'on mange plus et qu'on dorme ici dans la chambre de son fils. Cécilia prend la guitare et enlève de sa voix toute notion de temps, André nous regarde souriant dans sa chaise.
Pouvait on rêver mieux? Elle est bien là, la belle sensation que je recherche ici, loin de vous tous. Pensez y la prochaine fois que vous voyez un auto stoppeur au bord de la route, vous pouvez peut être illuminer un peu sa vie.
Et je m'endors dans cette maison inconnue et chaleureuse, un sourire tatoué sur le visage avec une seule et unique certitude: rien.
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