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Etape 89: On est arrivé! Enlever sa casquette? Pleurer?

  • elo-diem
  • 10 juin 2016
  • 4 min de lecture

Vendredi 25 mars 2016

Le problème avec le réveil en tente très tôt c'est que la rosée n'a pas le temps de sécher et que lorsque l'on range la matos: tout est trempé. Je retourne voir le passage, la peur au ventre pour me rassurer… ça n'a pas marché. On prend un café, on ferme les sacs et c'est parti ! La grand mère (qui doit avoir 50 ans à tout casser) passe en première, après c'est Tristan et moi je chiale parce que j'arrête pas d'imaginer le câble qui lâche, ça fait sourire Jasmina (on verra si tu pleurs pas toi dans un RER parisien en heure de pointe). C'est mon tour, le papa me rassure, je rentre dans la cage, pose mon sac entre mes jambes et je m'accroche en criant “PUTAIN”. C'est parti! Je reste concentrée sur le point d'arrivée et d'un seul coup une fois au milieu au dessus de l'eau, ma peur s'en va, je me retourne et fait coucou à nos hôtes pour leur dire que je survis.

On arrive tous de l'autre côté et on monte à travers les arbres pour atteindre le chemin carrossable, nous sommes en retard sur les km et manquons de temps au vue du départ prochain de Tristan, on décide alors de monter dans une voiture full de péruvien qui nous emmena jusqu'à Santa Thérèsa, nous permettant de rattraper une journée de marche! Les chemins sont sinueux, chaque seconde qui passe est dans ma tête des mètres en moins à fouler, des bananeraies à en faire tourner de l'oeil ma mère se dressent devant nous.

Le décor tropical refait surface et nous quittons définitivement le chaos volcanique de l'altitude. Une fois à bon port c'est spray anti moustique pour tout le monde. On attache les sacs, on prend les bâtons, c'est parti pour la dernière journée de trek ! On avance à l'aveugle, on ne connait ni le dénivelé, ni le nombre de kilomètres, la seule chose que l'on sait, c'est que l'on doit atteindre Hydroélectrica, alors on se met à regarder le sens de l'eau, à gueter un barrage après chaque virage, presqu’inquiet de nous retrouver face à un dénivelé positif de vache de porc. La mise en route est difficile, je pense que le moral a besoin sur la fin de grosse gifle sur les fesses, le corps lui commence à comprendre et s'habitue petit à petit à toutes tes bêtises.

Il fait une chaleur de mousson, par miracle, chance, hasard ou j'en sais rien, c'est à peu près plat, on monte quelques côtes pénibles mais à part ça on slalome assez facilement entre les montagnes en buvant beaucoup d'eau. C'est ce jour là que le coup de soleil m'a vaincu (bâtard!) non seulement sur les mains, les épaules mais aussi sur les oreilles mmmh sexy!

Nous ne voyons pas la fin du trajet et comme d'habitude les estimations des locaux sont des grosses blagues à multiplier par 3, alors si on vous dit “10 minutes” ne soyez pas heureux, ne criez pas victoire parce que ce qu'il reste en réalité c'est 40 bonnes minutes de marche ! On passe au dessus de la station hydroélectrique qui est impressionnante, on dirait un camp de la nasa hyper secret, des tuyaux entrent dans le ventre des montagnes.

Nous atteignons après 3 bonnes heures et demi de marche la “ville” en réalité c'est l'endroit d'où part le train pour aller à Aguas Calientes, au Machu Picchu. Nous avions lu que c'était un méga attrape touriste à la con mais on avait envisagé selon le niveau de fatigue de le prendre. La vérité c'est que nous étions fatigués, mais retrouver les foules de touristes après ces 4 jours de nature ça ne m'a pas plu et je savais que le chemin était plat alors j'ai voulu qu'on y aille jusqu'au bout.

La condition pour Tristan était de vider les sacs, le contrat était signé. On s'est installé et on a tout bu, tout mangé. J'ai réussi à nous faire aider par un petit chien et une poule qui a mangé avec joie nos pâtes… au poulet. Le drame de la vache folle. Une fois allégés, repus, et boostés par le pisco on se met en route.

Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais j'ai marché, marché, tête baissée, à toute allure, en doublant chaque groupe petit à petit, j'avais envie de suer une bonne fois, une bonne dernière fois tout déchirer ce Salkantay trek. Sachez une chose, que vous soyez gros, petit, grand, maigre, musclé ou frêle, votre corps est capable de bien plus que vous ne le pensez, vous pouvez tout faire! Il faut aller chercher les derniers micro grammes d’énergie qui sont cachés quelque part, faire des grimaces, crier, boire de l'eau et mettre un pied devant l'autre, c'est tout. C'est sûrement le fait de savoir que c'était la dernière ligne droite, ou alors tout simplement que j'avais pris goût à tout ça, la future nostalgie, le challenge physique, je n'en sais rien… quoi qu'il en soit nous sommes arrivés en 1h55 à Aguas calientes (temps normal indiqué pour ce chemin: 2h30).

Pour le coup mes jambes tremblaient, ma tête me faisait mal, mes mains aussi, ma peau me piquait, j'avais envie de m’écrouler avec le sac sur le dos comme un scarabé, les pattes en l'air, jeter mes battons, enlever ma casquette et pleurer.

Que nenni, il faut trouver un endroit où dormir, tu couineras plus tard. On re-découvre l'eau chaude avec bonheur, une laundry est lancée, on retrouve contact avec nos familles, je vais nous acheter deux t shirt propres et un shampoing. Après tout ça nous avons organisé le Machu Picchu, acheté l'entrée (ça coûte une blinde), le bus, un tour souvenirs et hop au restaurant pour un bon lomo!

Le sommeil est lourd. Avec du recul maintenant je me dis que j'aurais quand même du m’écrouler et chialer pour marquer le coup. Nous avons fait avec Tristan le Salkantay trek, ensemble, en se soutenant à tour de rôle, avec courage et perséverance, je suis fière de lui, on est fier de nous.

Bilan jour 4: 350 mètres de dénivelé positif, un pasaje mortel, une course finale et 16 km parcourus, arrivés entier à la ville et prêt pour la merveille du monde.

 
 
 

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