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Etape 93: Je quitte le beau Sud pour le grand Nord

  • elo-diem
  • 25 juil. 2016
  • 7 min de lecture

Le voyage du 2 3 et 4 avril 2016

J'ai quitté Hannah et les autres du bout des doigts et avec un gros fuck, j'ai plongé dans un taxi, il faisait nuit, j'ai été submergée par l'émotion. J'étais la seule et unique étrangère du terminal et bien évidemment du bus, ça n'aide pas vraiment à se sentir soutenue. Après longue attente et minutieuse vérification pour que mon sac aille dans la bonne soute, je m’installe enfin. J'étais à côté d'un locaux dans la première place de devant, j'ai regardé la route et la conduite nerveuse de notre chauffeur puis un vieux film sur la petite télé avec Bruce Willis et Monica Bellucci dans lequel tout le monde se faisait tuer, ça m'a dégoûté.

Après ça, je n'arrivais pas à dormir, ma tête tombait et ça me réveillait alors comme le bus était à moitié vide j'ai pris mes affaires et me suis étalée tant bien que mal sur deux places, j'avais super froid, mon paréo ne m’a pas suffit cette fois et aucune distribution de couvertures en vue, les sièges ne sont pas du tout semi cama pour le coup, ils sont justes légèrement inclinables, vraiment confort pour 21 heures de trajet.

24 heures en fait, j'avais mis mes boules quies et lorsque je me suis réveillée le bus était à l'arrêt total et le moteur éteint, toutes les lumières aussi. J'ai d'abord eu peur d'être la seule dans le bus, mais non, il y en avait d'autres. Je demande avec inquiétude à mon ancien voisin ce qu'il se passe quand il va aux toilettes et il baragouine un truc incompréhensible. Je mets mes chaussures et pars observer aux fenêtres, il y a des dizaines de camions arrêtés les uns derrière les autres. Ce qu'il s'est passé c'est que le chemin s'est éboulé et qu'on ne pouvait plus passer, il fallait tout déblayer. Il était 2h du matin quand le bus s'est arrêté, et comme celui-ci coordonnait avec seulement 6 heures d'intervalle avec mon avion pour New York je commençais dans le noir et en silence à compter les heures qu'il me restait pour atteindre Lima. C'était l’angoisse, j'ai attendu comme ça en serrant mon sifflet dans la main et en espérant qu'on reparte le plus vite possible. 5h15 du matin le soleil se lève et on redémarre, si tout va bien ça devrait le faire, mais ma nuit est foutue.

A la différence de la France où un événement pareil aurait bloqué les routes pour 2 jours sans que personnes ne sorte de sa putain de caisse, ici, tous les chauffeurs ont pris leur lampe torche et sont allés déblayer le terrain pour que l'on puisse passer. Soudain, j’apprécie la conduite soutenu du chauffeur. Je m'endors enfin par tranche de petites heures. Une nana dans le bus a un bébé chien qui fait caca et pipi partout, c'est un peu compliqué pour elle et pour l'odeur, puis, je ne peux pas m'empêcher de m'imaginer qu'elle l'abandonnera tôt ou tard, alors ça m'énerve.

Le chauffeur tape doucement sur mon bonnet péruvien “vamos a tocar el desayuno señorita”, avec mes boules quies mes oreilles se sont bouchées alors j'entends très mal, je descends du bus sans trop bien comprendre ce qu'il m'arrive en me faisant agresser par la lumière. Je suis au milieu d'une gigantesque salle où tous le monde mange, je suis encore plus dévisagée avec ma tête de déterrée, je demande una trucha frita et vais m’asseoir au fond de la salle, en essayant d'entendre lorsqu'elle criera le nom de mon plat, je lève le bras “acqui!”. Sachant que mon diner de 19h avait été trois petites bananes je suis trop heureuse de manger ce poisson, je me régale.

Il y avait des grands lavabos extérieurs, on faisait toutes la queue pour se rafraîchir, je me suis lavée les dents et je me sentais mieux.

J'ai passé la journée entière à envoyer des SMS à mon grand père en essayant de me localiser, à regarder le paysage, dormir par tranche de 40 minutes, écouter la musique horrible qui passait volume 72 comme d'habitude. Puis vers 15h il y a eu des remix de chansons que je connaissais (à base de Whitney Houston, Céline Dion et DHT en espagnol) alors j'ai eu le courage d’écrire ces quelques lignes. On a traversé en bus la Cordillère des Andes, ça tournait et bon Dieu parfois on était vraiment pas loin de la falaise. Ça fait bientôt 24h que je n'ai parlé à personne, je n'en peux plus. J'ai mangé toutes mes bananes, mes cheveux sont sales et j'ai encore un avion de 8 heures à prendre à 00h45! J'ai fait plein de rêves super étranges, mon cerveau est dingue, je quitte donc ce continent lentement mais sûrement, du moins je l'espère.

LIMA enfin !

J'ai pris un taxi fou avec trois filles à Lima, il m'a déposé à l'aéroport comme un sac à patate, j'ai du marcher hyper longtemps avec mon sac, je l'ai gardé le temps de manger puis j'ai été dans les toilettes essayer de me laver parce que là c'était plus possible, sachant qu'à New York j'allais être accueilli chez quelqu’un que je ne connais pas je ne pouvais pas arriver aussi sale. Je me fais encore dévisager par toutes les femmes pouponées qui vont se laver les mains après leurs pipis. Mais, avec le temps on arrive presqu’à s'en foutre.

Je quitte l'Amérique latine comme j'ai quitté ma France: avec tristesse. Je repense à tous les coups de blues que j'ai eu parfois, quand j'avais envie de rentrer pour me caler face à un feu en Normandie avec mes amis et ma famille qui me couvraient de câlins.

Puis je pense à quand Lola venait dans mon lit le matin, qu'on était des piliers l'une pour l'autre, je me rappelle arriver à Buenos Aires de nuit sans savoir un instant ce qui allait m'arriver, je me rappelle la gentillesse de Yasmina, la générosité de Christian. Puis je ferme les yeux et je me vois galoper à Salta, conduire dans les paysages magnifiques de Cafayaté, je me rappelle la pluie avec la bande de Océ le crustacé, je me rappelle tous les bus que j'ai pris, le rire de Florence et Thomas, le désert de San Pedro au Chili puis le désert de sel de Bolivie, je me rappelle les fous rire dans la Jeep, je me rappelle la marche de la mort, Potosí, sucré, je me rappelle les 4 lyonnais, je me rappelle aussi Rio, les parents de Lola et tous leurs amis, les concerts, la plage de Guaiu la bonne humeur de JD, je me rappelle la chauve souris et les hamacs, la soirée à la bougie, le carnaval, je me rappelle ne pas pouvoir communiquer, je me rappelle ma séparation avec Lola a l'aéroport, je me rappelle retrouver Michel a Santiago et les détails de la rue Manuel Montt, la petite chambre que j'avais et Chemsi, nos longues discussions, nos longs maté, Morgane, Lola et Harry aussi, les maisons de Pablo Neruda, Pierre Baptiste et son van Ford, le surf, le christ, je me rappelle Tristan, le volcan Villarrica, l'hydrospeed, les thermes, les deux suisses et l'anglais qui parle français, je me rappelle la lune, le surf sur le sable, le trek, la pluie, le camping sauvage et le matchu pitchu, je me rappelle tous les efforts physiques, toutes les auberges et tous les repas, tous les mots et choses que j'ai appris, tous les paysages, les vlogateers, les rires et toutes les larmes. Les chutes d'Iguazu, le stop en Argentine, j'entends Ceci qui chante et Lola qui dort, j'entends André préparer le barbecue, j'entends mes grands parents. Je vois Cusco et mes premiers pas en solo avec Hannah et sa bande, je vois ma chambre de 16, mes douches en tongue et ma trousse de toilette. Je vois mon gros sac rouge, je le prends, le soulève avec difficulté, le met sur mon dos.

Je me réveille, je dois monter dans l'avion, j'ai les yeux qui piquent et le coeur serré, j’arrive presqu’à sentir la chaleur du feu de Normandie.

J'ai laissé mon gros bébé partir dans l'avion et j'ai attendu encore et encore patiemment. Mon escale à Atlanta ressemble à une épreuve de Koh Lanta, j'avais 40 minutes pour récupérer mon sac, changer de terminal, enregistrer mon sac et monter dans l'avion, pour changer de terminal j'ai du prendre un métro. J'étais au bout de ma vie, j'ai demandé mon chemin 12 fois et je suis arrivée à l'embarquement sans dessus dessous, rouge de chaleur.

New York j'arrive!

La douane est très très très accueillante, elle a réussi à me faire douter de la présence de drogue dans mes bagages. Il pleuvait et le taxi m'a coûté le double de mes 24h de bus au Pérou, j’observais, impuissante, mon compte en banque s'envoler en fumée sur le compteur et priais pour qu'on arrive très vite. Il m'a déposé 20 minutes plus tard dans une immense rue, j'étais au bout de ma vie, trois jours de voyages intenses, je n'avais presque plus un rond et j'étais dans une des plus grande et plus cher ville du monde. J'avais froid et je commençais à être trempée, je ne trouvais pas l'appartement de Drew (connaissance de Lola qui a gentiment acceptée de m'héberger).

Un policier m'a prêté main forte et a appelé de son téléphone la colloc de Drew “hello this is the police of New York”, déjà tu dois pas flipper quand tu décroches et que tu entends ça. Il m'a foutu dans un deuxième taxi (non pitié) et je suis arrivée. Enfin

J'ai un peu craqué j'avoue mais là, avec la fatigue, je pouvais plus rien faire d'autre.

J'ai pris une douche j'ai été faire des courses. Puis avec Thiais on a été dans un petit magasin le soir pour que j'achète mes M&M’s préférés. On a regardé Shamless dans le canapé et je me suis endormie comme une enfant. Tout le stress du voyage avait besoin d'être évacué sur un oreiller.

 
 
 

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