Etape 94: La grosse pomme apple, à pied

Jeudi 5 avril 2016

Je me suis réveillée quand Drew est parti j'ai pris mon petit déjeuner avec Lola au téléphone, je me suis douchée habillée et le mec des travaux dehors m'a guidé en rigolant. J'ai pris la décision (je n'ai pas eu le choix) de visiter cette grosse pomme à pied, comme ça je ne dépense pas d'argent, je m'habitue au froid et je reste dans ma dynamique de trek!

C'était parti ! J'ai commencé par traverser Chinatown puis je suis tombée au hasard sur la Court Suprême des États Unis, en moins de deux secondes je me suis retrouvée dans la salle de cours de Madame Cingal qui nous expliquait les mécanismes judiciaires des USA, j'ai d'ailleurs payé 12 euros de hors forfait pour prévenir tous mes camarades de droit que j'étais à l'intérieur de ce truc immense. Je me suis perdue dans les couloirs, j'espérais voir un avocat hyper powerful, un criminel menotté, et des membres de la nasa, mais pas du tout. Juste deux trois pèlerins en costards. Le pire, c'est que j'avais peur de me faire arrêter.

Après ça j'ai été jusqu'au pont de Brooklyn, et là, c'était assez évident.. J'avais très très froid et mes tenues d'Amérique latine ne me permettaient pas d'éviter une pneumonie. J'ai donc, par obligation, acheté un bonnet. J'ai regardé des breakdancers de rue, mangé un bretzel immonde puis je suis entrée dans la “Trinity Church”, un prêtre ultra sexy de 30 ans maximum racontait des trucs et c'était diffusé sur une grande télé. Je me suis assise sur les bancs, pour me réchauffer. La messe s'est finit tout le monde est parti, un monsieur m'a prit la main en me disant “good morning my dear”, j'ai souris betement et je suis restée là un moment. New York et sa grandeur m'avait déjà foutu le tournis.

Je me retrouve dans le quartier des affaires pour le déjeuner, tous les gens qui travaillent étaient dehors pour manger, malgré la température, il y avait un soleil incroyable. Ça fourmillait de partout. Je suis arrivée à une gare d'hélicoptère, oui, oui, vous avez bien lu, ça doit être un délire américain 🚁.

J'ai pris le ferry gratuit pour traverser l'eau en passant devant la statut de la liberté 🗽. Elle était belle, j'avais appris en première le poème qui est écrit dessus

Not like the brazen giant of Greek fame With conquering limbs astride from land to land; Here at our sea-washed, sunset gates shall stand A mighty woman with a torch, whose flame Is the imprisoned lightning, and her name Mother of Exiles. From her beacon-hand Glows world-wide welcome; her mild eyes command The air-bridged harbor that twin cities frame, "Keep, ancient lands, your storied pomp!" cries she With silent lips. "Give me your tired, your poor, Your huddled masses yearning to breathe free, The wretched refuse of your teeming shore, Send these, the homeless, tempest-tost to me, I lift my lamp beside the golden door!"

De l'autre côté j'ai regardé des piranhas dans un aquarium puis j'ai repris le ferry dans l'autre sens. Une évangéliste m'a raconté des histoires incompréhensibles sur le pont puis j'ai réussi à m'enfuir. J'ai longé l'eau en passant sous tous les immenses ponts, je me retrouvais donc avec les clochards. Il y en a un qui dormait et qui avait un carnet de dessin ouvert près de lui, j'ai essayé de regarder mais j'avais peur qu'il se réveille et me hurle dessus.

Après tout ça, mes jambes commençaient à sentir que je déconnais. Je suis rentrée à pied à Manhattan chez Drew. Il y avait sa colloc, j'ai préparé à manger puis elle est partie.

Sharon m'a proposé d'aller chez elle, j'ai accepté, c'était à Brooklyn, j'ai mis une heure trente à pieds mais ça valait la chandelle. J'étais sur le pont pour la deuxième fois et le soleil se couchait sur la ville, c'était somptueux, j'étais totalement seule et me sentait terriblement petite mais j'étais heureuse, heureuse de voir tout ça et de le garder au fond de moi pour toujours. Je me trouvais chanceuse. Fauchée, mais chanceuse.

J'ai vu le loft le plus stylé du monde je crois, elle m'a gentiment invité à dîner avec ses collocs tous aussi sympa et amusants les uns que les autres, on a regardé un d’eux préparer un thé qui avait l'air étrange puis elle m'a raconté un peu le tournage du film qu'elle avait fait la semaine dernière. Ça m'a fait plaisir de retrouver Sharon, c'est une fille que j'avais vu deux fois dans ma vie, parce qu'à un moment précis on avait des connaissances en communs, depuis toutes les connaissances ont disparu et on se suivait un peu sur les réseaux. Me voici chez elle à New York presque 4 ans plus tard.

J'ai du partir vite parce que je m'étais programmée un cinéma. Je suis allée voir le film Krisha, qui témoigne d'une profonde solitude et de problèmes familiaux, j'ai adoré, j'étais essoufflée tout le film, au chaud dans ma petite salle de cinéma, ici, je me sentais plus grande.

Je suis rentrée de nuit en marchant tout doucement car mes muscles me détestaient puis j'ai discuté avec Drew avant de sombrer dans un profond sommeil.