Étape 118: L'acclimatation
- elo-diem
- 27 août 2017
- 3 min de lecture

Vendredi 18 août 2017
J'ai détesté dormir sale mais j'ai dormi et ça c'est une bonne nouvelle, j'avais des souvenirs de Bolivie où les insomnies étaient de rigueur en altitude. Momo entre dans la chambre les yeux gonflés et nous raconte sa nuit avec sa nouvelle colloc: la petite souris de l'auberge.
C'est une journée de "repos" et pourtant à 6h nos réveils sonnent, et oui quand on est en acclimatation il faut se faire des globules, pour ne pas briser le rythme on décide donc de faire ça tôt le matin. Le papy bouddhiste de la maison nous indique un chemin, nous n'avons pas nos sacs et pourtant nous peinons énormément à monter.
Nous faisons un stop pour faire quelques exercices de flexion etc il est 7h30 dans la pampa Nepalaise il fait gris et humide on n'y voit pas à 2 mètres. Momo s'arrête à 3950 comme on a rien mangé, Jojo et moi continuons jusqu'à 4000, c'était un peu dangereux et très glissant, on se sent vraiment tout seul quand c'est couvert comme ça, c'est une ambiance un peu morbide. Nous redescendons tranquillement on s'est mit 180 mètres en 2 petites heures et j'espère que mon sang s'active dans mes veines, que tout le monde s'active là-dedans car je n'ai absolument pas envie d'avoir le mal des montagnes.
Nous commandons des petits déjeuners copieux et discutions, écologie, Monsanto, complot, bio, business pharmaceutique... Ça m'annime, me réveille, me révolte. Dehors il y a un petit veau de quelques jours, nous sortons, j'arrive à l'approcher, me fais gouleusement lécher les doigts plein de miel par sa petite langue rapeuse. Je lui confie que je ne le mangerai plus jamais parce qu'il est trop beau. J'aimerais faire dodo avec lui dans son petit duvet qui sent le foin.
Nous changeons de chambre pour être toute les trois, on récupère celle des italiens, le temps s'est découvert.
Nous avons passé l'après midi dans le grand salon, le grand-père prie en tailleur dans un coin de la pièce, j'ai l'impression qu'il veille sur nous et ça me fait du bien. On a parlé d'une pensée que Morgane a eu ce matin sur le fait qu'on soit loin de tout, à des jours et des jours de marche d'un aéroport, d'un hôpital, de nos familles. Putain.

Pour couronner le tout je lis Sukkwan Island de David Vann un livre dans lequel ce grand marcheur raconte son année traumatisante passée à l'âge de 13 ans avec son père dépressif dans une cabane paumée au milieu de l'Alaska à des km de civilisation, c'est anxiogène au max, ma curiosité tourne les pages à ma place.
À 15h nous avons été au monastère, derrière le rideau autour d'un gigantesque bouddha une dizaine d'homme vêtus de rouge assis en tailleur, en silence, boivent leur thé. Leurs regards se posent sur nous, j'ai peur de les déranger. Ils se mettent à prier, ils recitent des paroles en nepalais avec leurs voix graves, nous décidont de les laisser tranquille. C'est un énorme privilège d'avoir pu assister à ça.
Nous réussissons à négocier une douche chaude pour trois. Au retour dans la chambre, la pote de Morgane est dans mon sac (la souris) en un quart de seconde Jordane nue comme un ver se retrouve debout sur le lit en criant, le spectacle vaut le détour. C'est à l'affût que nous nous faisons nos massages avant de redescendre auprès du poêle.
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