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Étape 120: Garlic soup

  • elo-diem
  • 27 août 2017
  • 3 min de lecture

Dimanche 20 août 2017

Je me suis réveillée toute la nuit car ma tête me faisait atrocement mal, comme si on la mettait dans un étau et qu'on serrait. C'est la pression atmosphérique, je suis trop haut, mon corps n'aime pas ça, il veut que je sache qu'il ne cautionne pas mais je lui murmure en silence "je ne peux pas redescendre putain tu comprends ça? Je ne peux pas redescendre...!" Je me lève, je bois, il n'y a presque plus d'eau. Je m'assois dans mon duvet et me calme, ce n'est qu'un mal de tête, je me fais des pressions comme me dit Morgane en haut du nez et je respire, je pense à plein de chose. J'essaie de m'apaiser, si vous saviez tout ce qui me passe par la tête, j'entends le rire de Camille, je m'imagine en Normandie, je repense à toutes mes vacances à la mer, la Belgique, l'odeur du pain grillé, du café, je me vois danser, je me repasse des discours engagés à table avec mes oncles, je vois des salles de cinéma, des tonnes de mains et de bras qui m'enlacent, le rideau tombe, mes yeux se ferment, mon souffle s'approfondi... J'ai gagné.

Vers 3h j'ai dû réveiller Jordane car il n'y avait plus d'eau, il me fallait sa bouteille. À 6h je suis allée acheter 2 nouveaux litres. Nous avons dormi jusqu'à 8h30, soit une nuit de presque 13h, nos corps ne blaguent plus avec nous.  Je suis la seule à avoir mal à la tête. Morgane veut pousser jusqu'à la ville suivante aujourd'hui, les jours, d'acclimatation, d'attente ne lui plaisent pas et je la rejoins complètement là-dessus mais j'ai un symptôme et nous n'avons déjà pas respecté les altitudes conseillées. Jordane s'y oppose "ça suffit, on pousse trop, un moment ça va nous retomber dessus". On finit par trouver un compromis: aujourd'hui on reste ici a 4600, demain on va a Lobuche à 4900 on y sera vers 9h ce qui nous laisse la journée et la nuit pour s'y faire puis le matin nous partons pour Gorak shep à 5100 nous posons nos sacs et nous embarquons pour la dernière ascension 5350 pour le camp. Il nous faudra redescendre récupérer nos sacs et partir. DEAL  Nous descendons manger, thé chaud, crêpes au miel, omelette au fromage de Yack, il fait soleil dehors, ça nous fait un bien fou, ca sent le pain grillé comme cette nuit dans ma tête, j'entends les pierres se faire tailler des short dehors.On parle de Katmandou, de nos vols retours, de ce qu'il nous attend en France, ça me paraît être si loin... 

On monte toute les trois dans la chambre avec nos couettes et nos duvets, Jordane s'endort, Morgane se met à écrire sur un sujet qui la frappe autant que moi : la solitude. Je fini, conquérante Sukkwan Island de David Vann, il m'aura fait 3 jours, connaissant l'histoire de ce mec, ce livre est bon.

Nous avons réussi à nous motiver pour aller marcher, on est monté à 4750 dans un froid de canard. En haut j'essaie de faire des exercices "aller fais des globules stp j'en peux plus de ce mal de tête".

En premier dans cette aventure nous avons supprimé la notion de confort, puis la communication, ensuite nous avons affronté notre physique et en dernier il reste le psychique. Si on avait eu l'avion, on aurait même pas eu le temps de se mesurer à lui et Dieu sait que c'est ce qui fera toute la différence en rentrant.

La maîtresse des lieux m'a fait une soupe à l'ail car il semblerait que ça aide pour le mal d'altitude. Les hommes qui ont bossé toute la journée sirotent leurs thés avec du rhum, ils me disent que je ne pourrais pas monter avec mon mal de tête, je suis devienue livide. On a fait nos toilettes dans l'obscurité, un chien roux s'est couché devant la porte de notre chambre. Nos familles sont sans nouvelles.

Le jour est définitivement tombé et la nuit s'est entièrement levée dans notre village de l'autre bout du monde. 

 
 
 

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