Étape 121: Je monte ou je monte pas?
- elo-diem
- 27 août 2017
- 3 min de lecture

Lundi 21 août 2017
J'ai encore passé une nuit avec la tête dans un étau, jai eu très mal. Nous nous sommes levées à l'aube et avons commencé à monter. Quand on a des douleurs à la tête il est fortement déconseillé de continuer une ascension en montagne et nous passions aujourd'hui de 4600 à 4900, nous sommes prises par le temps et ça fait déjà 2 jours que nous sommes à Dukla, alors je monte.
Au bout d'une petite demi heure je m'assoie sur un rocher et pleurs. J'ai mal. Morgane me parle, nous repartons.
Arrivées à Lobuche je suis redevenue muette, c'est moi et mon mal de tête, rien d'autre n'a d'importance. Je prends plusieurs garlic soup. De l'autre côté de la salle est affichée la liste des symptômes qui mènent directement à l'oedeme. HEADACHE, HEADACHE, HEADACHE... Je ne vois que ça. Je demande aux hôtes si ils ont des bouteilles d'oxygène, ils me répondent "no madam, we are in low season" Ah ok les gars! En low season on a juste le droit de CREVER, c'est génial! Ça m'énerve, il m'énerve lui avec son sourire de con.
Alfredo, un chilien choisit ce moment d'apogée de ma bonne humeur pour entrer dans notre aventure. Il est seul et ses scores à lui (pour une fois) nous laissent sans voix, respect mec. Il essaie tant bien que mal de me rassurer. C'était sans compter sur la souriante Elizabeth une vieille dame, américaine. Elizabeth arpente l'Himalaya depuis 37 ans, parle Népalais, écrit un livre sur les fleurs de la vallée de l'Everest et me fait penser à ma grand mère (en moins bien puisque ma grand-mère est la meilleure). Je lui expose ma situation, elle sourit à nouveau et m'explique "if it was my expedition i will sent you back down, right now, lot of young people try to go fast and die...". Le silence s'installe dans la salle, les filles mettent leurs mains sur leurs têtes "et merde..."
S'en est suivie des heures de "je descends, je descends pas?" Morgane et Jordane me disent qu'elles resteraient en haut alors si je décidais de descendre cela voulait dire: passer la nuit toute seule à 4600 sans aucun moyen de communication.
Je pars! Je me lève et vais faire mon sac, en larme de rage, je fous énergiquement à l'intérieur tout ce qui me passe sous la main. PUTAIN J'AI PEUR, je ne vais pas réussir cette ascension de malheur. Les filles arrivent, je m'assoie sur le lit et pose mon visage dans la paume de mes mains, j'ai le crâne qui chauffe, je réfléchis, qu'est ce qui est le plus important...? Mon père m'aurait dit de redescendre j'en suis certaine.
Je reste. Je me suis payée une bucket shower, je fais couler des filets d'eau chaude sur mon crâne, la main sur le carrelage, la nuit tombe, je ne peux plus changer d'avis. Je rejoins tout le monde dans la salle principale, on boit des litres de thé, ma tête s'appaise, la pression retombe, je regarde Elizabeth avec les yeux remplis de larmes, elle se met donc à me raconter sa vie, et quelle vie! Je suis captivée "I lived during 4 months in a little city in Normandy... calls Douvres-la-Delivrande..." QUOI? Je lui attrape le bras, mon visage s'illumine mais c'est notre ville Elizabeth, celle des grands-parents, celle de papa, de tonton, celle de Mélanie, Emeline, Heloise, Charles, c'est ma ville!
On finit la soirée en bac à lauréat avec les filles. Je me couche avec une obsession: demain... Je monte ou je monte pas?
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